Voici la fable du zèbre candide Et du guépard malin dont la morale est claire : La parole sans art, c'est du vocabulaire, Calliope seule y met un peu d'acide.
L'auberge était déjà fermée Quand maître guépard à la nuit tombée Se mit à y tambouriner "Holà, ouvrez-moi, je suis fatigué, Le voyage m'a fort creusé Et je suis à jeun depuis le lever" "Nenni, ma cuisine est bouclée Et mes derniers clients me l'ont vidée" Lui dit le zèbre tenancier.
"Puisqu'on me refuse un repas solide, J'agirai, en tel cas, comme l'eût fait mon père" Gronda notre guépard sur un ton de colère Impressionnant fort le zèbre livide.
Le courroux d'un fauve affamé Est, parmi les zèbres, très redouté "Eh, il ne faut pas se fâcher Je dois avoir, je les ai remisées, Deux belles poulardes grillées, Des fruits et du vin, je puis en trouver" Répondit le zèbre effrayé Puis il offrit au guépard attablé Le fond de son garde-manger
Le festin fini, le zèbre timide Osa une question, l'air bien peu téméraire : "Et qu'eût fait, en pareil cas, votre noble père ?" "Il se serait couché le ventre vide !"