Deux jardiniers cultivaient deux jardins, Les deux parcelles de la même terre Recevaient la même chaleur solaire Et la même eau du ruisseau mitoyen.
Le premier jardinier, précautionneux Attentionné et croyant en la science Lisait tous les ouvrages avec patience Pour tout savoir de ce qui est le mieux Afin d’améliorer sa production. Il sélectionnait les meilleures graines, Binait et sarclait sans compter sa peine, Tous les jours que Dieu fait, en pleine action !
L’autre, lui, se contentait de planter Binait, mais rien plus que le nécessaire Ne mettait pas trop les mains dans la terre En fait, il n’aimait pas trop jardiner Il passait peu de temps dans son jardin Car il faisait profession de confiance Dans le beau temps et dans la providence Pour que fructifie son bout de terrain.
Lorsque la saison des récoltes vint, Une nuit survint un méchant orage Qui déracina un hêtre sauvage Qui tomba en plein sur l’un des jardins, Imaginez donc le drame échéant Sur le plus soigné, vraiment quelle à guigne ! Des deux jardiniers, pourtant, le plus digne Vit tout son travail réduit à néant.
Tirons la leçon que tous nos efforts Ne pèsent pas lourd contre la malchance Qui peut balayer le soin et la science ; Et notre travail n’est pas le plus fort.