Cerclées de métal, cerclées d’écaille Lunettes d’enfants, lorgnons de vieillards En piles, en tas, par milliers Par centaines de milliers Des montagnes de lunettes Et pas un visage derrière tous ces verres
Lunettes inutiles à jamais Lunettes ni élégantes ni pratiques Lunettes qui ne liront plus Ni poème ni facture Ni prière ni journal Lunettes sans visage
Lunettes sans visage Juste des fantômes Fantômes de visages sans lunettes Visages apeurés et meurtris Partis dans la douleur Et qui nous ont laissé Ces montagnes de lunettes Qui témoignent, yeux sans larmes Ces montagnes de lunettes Comme une question Comme une requête Que leur histoire soit dite