à ceux qui sont revenus des camps et aux autres...
Même enfant Je ne rêvais pas de retour glorieux de lointains voyages Hâlé, un oiseau vert au poing, Et les bagages pleins d’idoles païennes
J'ai toujours eu gravées en moi Ces scènes que je n'ai pas vécues Mais qui me hantent Et font Malgré tout Partie de mon histoire Ces scènes de rescapés aussi maigres que des squelettes Les yeux hagards Perdus Surpris d'être vivants Vivant dans l'incertain espoir de revoir un parent Et de revivre Un jour Autrement que des bêtes
Depuis J'ai couru la planète Et à chaque retour le bien-être m'inonde Retrouver mes amis ma famille Raconter mes visions des autres bouts du monde Voilà comment s’achèvent les voyages
Mais eux Mes fantômes Tout ce qu'ils ont subi Et tout ce qu’ils ont vu Qui leur laisse à jamais L'âme et le cœur meurtris à qui en diront-ils la souffrance et la peine ?
Qui est prêt à entendre un récit sur l'enfer Sur l’enfer de l’aller jusqu'au bout de la haine ?