Langueurs du soir. Quand vient la nuit Dehors, tout mouvement s’apaise, Les arbres s’endorment sans bruit. C’est l’heure où les amants, à l’aise Sentent en eux monter la braise Et dévoilant leur nudité Adam et Eve en la Genèse S’embrassent dans l’obscurité.
C’est l’heure où, quand le jour s’enfuit Peut-être aussi monte un malaise. Dans l’âme, le noir s’introduit. On voudrait filer à l’anglaise, Mais dans le cœur, une mortaise Fixe en nous la réalité, Le fil du temps qui fuit nous pèse Du poids de sa fatalité.
Toute forme s’évanouit. L’obscurité, qu’elle nous plaise Ou non, sournoisement induit En nous ce vide où l’on soupèse Les jours passés, où la synthèse S’impose, et l’on est invité Nourri de notre propre glaise A vaincre notre cécité.
Muses, poésie, exégèse Par vous qu’il est bon d’être hanté, Vos mots porteront notre thèse Pour éclairer l’obscurité.