Mille fois j’ai penché au fond de son berceau Mon visage à deux doigts de son petit museau Guettant le cœur battant le souffle rassurant Que sa fragile vie émettait en dormant
Je restais dans le noir chuchotant ma prière Pour cet ange envahi de rêves merveilleux Scrutant les soubresauts que font sous les paupières Les grands yeux des enfants qui parlent au bon dieu
Je caressais son front de ma grosse paluche En fredonnant tout bas des berceuses d’antan Et sans se réveiller délaissant ses peluches Elle serait mes doigts tout en me souriant
Alors je retournais à ma couche voisine Apaisé et béat devant tant d’innocence Comme si d’un seul coup par sa seule présence Je me sentais empreint d’une grâce divine
Je chéris ce bébé qui bouscule ma vie Qui tire mes cheveux devenus grisonnants Qui éclate de joie devant mes pitreries Et me fait oublier l’amer fardeau des ans
Je me tourne vers vous notre seigneur et père Et en votre maison vous demande humblement De daigner en ce jour vous pencher sur la terre Et d’écouter l’appel d’un cœur qui se repend
Car si j’ai négligé d’être un fidèle apôtre Et si de vos chemins je me suis éloigné Je voudrais aujourd’hui être à nouveau des vôtres Et retrouver la place où j’étais convié
C’est un homme changé qui vient se prosterner Et qui tient ce matin au pied de votre autel Cette petite enfant au cœur immaculé Qui sans cesse vers vous l’invite et le rappelle
Si votre volonté est que je disparaisse Avant qu’elle ait grandi et acquis la sagesse Vous qui nous regardez et qui êtes éternel Je viens vous demander de bien veiller sur elle Et viens la déposer tout au creux de vos mains Restez son bon berger quand je mourrai demain