Aujourd'hui est un jour qu'on aurait pu fêter Autour d'un grand dîner composé sans compter. Nous aurions pu, c'est vrai, pour cette circonstance, Convoquer du beau monde et faire galerie, Te parer d'une robe à faire pâlir d'envie Tous ceux pour qui l'amour se juge à la dépense. Et je dois t'avouer qu'avant d'y renoncer J'ai longuement pesé non pas tant mes deniers Mais ce qui au final allait vraiment rester. Je n'ai jamais compris pourquoi tant de parents S’éveillent brusquement après deux décennies Pour se lancer ainsi dans de telles folies Dès que leur cher enfant approche des vingt ans. Y a-t-il à ce point dans un moment pareil De quoi se réjouir cent fois plus que la veille ? Un battement de cœur a-t-il plus d’incidence Que celui qui l'engendre ou celui qu’il devance ? Chacun est le maillon d'un rythme délicat Par lequel patiemment et mieux chaque seconde Une âme se construit au milieu de ce monde Et vient s'épanouir belle et forte à la fois. Et toute heure qui passe a la même importance Car ces mies de temps remplissent en cadence Inexorablement la trame de nos vies Comme à chaque printemps des milliers de jonquilles Se mettent à couvrir jusqu’à perte de vue D’un tapis scintillant de vastes terres nues. Et j'ai eu ce bonheur, matin après matin, De voir un rêve fou devenir plus réel. Cette petite enfant, ce cadeau du destin, Même si les instants que je passai près d'elle Etaient toujours bien courts et trop souvent comptés Envahissaient mes jours de joie et de fierté. Ainsi à ma façon je viens te remercier Pour ces mille moments où j’ai été heureux, Rien qu’à te regarder, rien qu’à te respirer, Rien qu’à nous savoir là, toi et moi, tous les deux.