La mer absorbe l’infini Et Les yeux de l’eau saignent au coucher Quand Les pieuvres géantes Les requins blancs, Les baleines bleues, Les orques noirs, Croisent dans les cauchemars voisins.
J’ai connu un musicien capitaine au long cours. Son bateau dessinait des portées Sur les vagues ; Et la corne de brume aux sanglots enroués Sonnait la charge des marins disparus.
J’ai connu un peintre capitaine au long cours. Son bateau poursuivait Les dauphins effrontés à la crinière bleue, Les squales affolés et les sirènes roses.
J’ai connu un sculpteur, capitaine au long cours. Son bateau modelait Une courbe inconnue qui défrisait les vagues Et plongeait en roulant dans le tango marin.
J’ai connu un négrier capitaine au long cours. Son bateau repérait Les soldats endormis qui de leur guerre lasse Acceptaient d’épouser les abîmes glacés.
J’ai connu un marchand capitaine au long cours. Son bateau s’épuisait De cales rebondies de saveurs étrangères Et d’effluves dorés qui enivraient les sens.
J’ai connu un poète capitaine au long cours. Son bateau s’essoufflait En recherchant les rimes, perdues dans les haubans, Disposées en octosyllabes le long des gréements.
J’ai connu une femme capitaine au long cours. Son bateau recherchait Neptune pour lui plaire et pour lui demander De quel bois se chauffent les sirènes.