Construire autour du rien que l’on est, tant de choses, Voilà la poésie, ô Verlaine, ô Rimbaud, Celle qui nous fait vivre au-delà du tombeau Et qui du grand Ronsard fait survivre les roses.
Poètes disparus dont l’âme vogue encore Et toujours dans les rues comme Trenet le chante, Insaisissable objet qui Ténèbres enchante, De mort autant de vie, d’obscur autant d’aurore.
Invisible vivant, esprit d’ombre et d’azur, Ô flamme de Cocteau, ô mânes de Hugo, Que je sois si petit, que vous voguiez si haut, Votre cœur et le mien ont le même sang pur.
Dès le jour où jaillit ma prime poésie Grâce à Jean, né jadis d’on ne sait quel désir, Mon aïeul jardinier qui ne savait écrire, Je connus la splendeur de ce monde inouï.
Serein à tout jamais, invincible aux tempêtes, Auteur d’humble quatrain ou plume des Pléiades, Source d’un mince ru ou d’immenses cascades, Tout homme aperçoit Dieu dès qu’il devient poète.