Voir ses barricades tour à tour défoncées, De ses valeurs, se voir exorcisé, Perdre peu à peu ses choses si précieuses Qui font de moi une personne heureuse : L’intégrité, l’égalité, la générosité M’ont sauvagement été arrachées, Ma loyauté, ma fierté, mes amitiés Ont peu à peu été piétinées.
Des ruines de ma dignité, je me soulève Contre toutes ces choses qui me hantent et m’achèvent ; Si, pour vivre, il faut plaire et non être, Si, pour plaire, il faut copier et non naître, Si, pour aimer, il faut se délaisser Et ne plus exister que comme Ils l’ont souhaité, Je préfère disparaître, après qu’on ait écouté Toutes mes plaintes, tout ce que j’ai revendiqué.
Mais je persiste, au sommet d’une tour esseulée. Je contemple les ruines anciennes de ma personnalité, Je puise ma vie de ce liquide noir et brillant Qui a tant fait, sans qu’on ne lui en soit reconnaissant ; Malgré tout, je sens la fin proche, vous m’avez vidé De mon essence, et je sais mon temps épuisé. Je mouille ma plume de la dernière goutte de mon encrier : De mes poèmes, de ma vie, ces vers et secondes sont derniers