Une marguerite délicate, Éclose auprès du ruisseau, Sous le ciel d’automne écarlate, Voit les nuages s’amonceler, Penche sa tête, se sens plier Sous la brise qui risque de la briser. Sur ses pétales rosis de froid Et de solitude coule la rosée, Laissant tomber quelques gouttes argentés Dans le cours azur qu’elle fait roi ; Elle se plie, veut se jeter à l’eau, Se libérer de sa misère, sans héros.
Sa toute fidèle amie, Le digne oiseau de paradis, S’envola, par un marchand pieux Jusqu’aux mains d’un amoureux.
L’amour de ses baies, Qui depuis longtemps l’étreignait, S’en fût par le destin d’un cueilleur Dont l’œil ne voyait pas leur cœur.
La pensée, amie fidèle à la baie, Se fit prendre dans le panier Où les fruits sauvages s’entassaient Afin d’éclairer leur air attristé.
Le lierre, poussant sur la rive opposé Du ruisseau où baignaient quelques rochers, Ne pouvait entendre ni les plaintes, ni les pleurs, Ni les gémissements de la pauvre fleur.
Seuls l’iris et la tulipe subsistaient, Fleurs printanières mortes avec l’été, Toutefois elles consolaient et écoutaient Les maux de la fleur désespérée. Un jour elles lui dirent : Tourne-toi, Et tu verras ce qui est derrière toi : Du lieu où nos amies ont été cueillies, D’autres compagnes, bientôt auront fleuri.