Lettre d'amour
Vos cheveux, tel un voile de satin,
Brillent lorsque la brume dévoile l'aurore
Qui surgit, faisant trépasser la mort.
Aurore aux mêmes teintes orangées ou carmin
Que votre chevelure paysanne,
Plus noble que celle de Bérénice
Et plus belle que celle d'Ariane,
De laquelle, parfois, quelques boucles surgissent.
Vos yeux, tels la galerie verte
Des palais elfiques que la mort déserte,
Ne sont pas que bijoux et joailleries :
Ils rient et respirent aussi la vie.
Jamais je n'ai vu d'Iris aussi éclatant
Que la couleur du bourgeon naissant
Autour du noir pigment
Qu'est la pupille : grotesque alcôve béant.
Vos lèvres douces : pétales de cerisier.
Pomme, canneberge, fraise, framboise et
Le fruit de l'arbre ci-haut nommé
Ne goûtent qu'un centième de votre parfum.
Et à vos oreilles, les plus belles,
S'allient si bien le jaspe et la perle
Parmi vos boucles qui s'emmêlent
Et qui, pourtant, n'ont rien en commun.
Qu'est-ce que ce formidable son ?
Plus doré qu'un carillon
Plus doux que le vent dans les joncs
Plus merveilleux qu'aucune chanson
Plus joyeux que colombe quittant sa prison
Plus éloquent que le chant du pinson
Plus agréable que les vagues qui viennent et vont
Serait-ce votre voix, ce joli son?
L'Amour est un bandeau, dit-on, sur les yeux
Alors, votre négation est un bandeau sur ma bouche.
Pourquoi chez vous Cupidon a-t-il fait mouche
Alors qu'à moi, il a donné ses meilleurs voeux?
Vous êtes la Reine des Lunes purifiées
Et moi, Roi du Soleil, je vous ai ombragée
Puis-je, puis-je vous demander si m'aimer
Vous puissiez? D'avoir osé, je suis désolé...
Quel est mon vice, ma tare?
Dites-le-moi et à l'instar
De quiconque autre, je partirai,
Je le promets, mais je ne pourrai vous oublier,
Car dans mon coeur, vous avez créé
La plus belle et tendre des saignées,
Venez, accourrez pour me secourir,
Je vous en prie, je vais mourir.
