Un mot, et puis...
Les paroles s'envolent, alors dites-moi,
Parlez-moi, que vous me donniez ces ailes
Dont je rêve et désespère même parfois,
Que je me sente geai et crécerelle,
Pour me lier au vent, qui me supporte,
Sans plus de raison qu'une liberté éternelle ;
Les arbres neigent, un soupir m'apporte
Les fruits de l'été, duveteux et légers,
Des arbres, droits et beaux, peu pliés.
Les écrits restent, alors par pitié,
Ne m'écrivez pas, j'aurais affreuse mine,
Ma personne en serait bien moins colorée,
L'aventureux soldat de plomb, j'imagine,
Ne pourrait voyager hors de la maison,
Lourd de l'ancre retenant la marine
De quitter un port où il fait trop bon,
Où tout est merveilleux, la mer oisive
Laisse des plumes humides collées sur la rive.
Transformez-moi en mot, que je puisse voyager,
Je volerai, à temps perdu, entre deux airs,
Sur les zéphyrs étoilés, sur les ailes de l'alizé,
Suspendu à une réalité céleste, je remettrai pied à terre,
M'emparerai des trésors des lieux,
Changerai en eux, en terre étrangère,
Sachant parfois m'enraciner de mon mieux
Pour reprendre mon infini vol,
Plus riche de ce que je puise du sol.
Je veux être un mot, faire rêver,
Être nommé, prononcé et écrit
Faire voyager les esprits, les rencontrer
Inspiré la joie, l'amour et la vie,
Être un son différent selon les accents,
Comme un joyau qui brille et réunit
Des gens si peu semblables, pourtant,
Je veux être une fête inoubliable
Qui brûle en chaque être sociable.