Où es-tu douleur ma sirène Sur notre empire assis reine tu resteras Même proche peine lointaine Une écharde que j’aime et qui un jour m’aima
Matin ton chant ne m’atteint plus Le facteur en silence cherche une lettre absente Assez celle qui m’aima s’est tue Quand elles sentent encore les fleurs fanées nous hantent
De nos rires reste l’écho Dont les hoquets se perdent en sinistres ballades Fuyez ces ruines mon château L’amour est après nous comme un oiseau malade Et toujours un mot qui toujours meurt trop tôt
Ah aimer souffrir délicat Tu nous ouvres les bras comme un lys ses corolles Calice bu la mort s’abat Fulgurance amère qui de romance à trépas Accueille les abeilles venues payer l’obole
Cette main qu’hier encore contre moi je tenais Eut un jour ce geste fatal Cette main qui mon coeur et mon corps dominait S’en alla brusquement verticale Cette main que j’aimais m’est perdue à jamais
Cette main mais ce corps aux couleurs de l’été Qui m’offrait ses saveurs en trésors inavoués Qu’importe alors les messes et l’ambre N’est plus frisson de tous mes membres D’aimer mes coffres sont vides et ma terre déchirée
La parole mêle aux mots leur vieux sens d’hier Les voix palissent mais l’on se tait Les yeux n’ont plus le même attrait Le coeur une forêt que ronge le désert
On se terre on parle d’avant D’un avant où depuis poussent l'aubépine La marche au soir venu prend des airs militaires On se sait vaincus mais pourtant On essaie de retarder la drôle de guerre Qui dans les tranchées creuse impatiente et piétine
Le drame vient des larmes sur les armes levées Au dernier acte les masques tombent Les yeux sont calmes comme des bombes Les souvenirs ont des habits de naufragés
Le temps n’est plus qu’une géhenne Adieu printemps voici venue la haine