Alors qu'au creux d'une fin de mars S'évaporent les frissons d'hiver Filant comme les baisers d'une garce Dans les brumes grisantes d'autres terres, L'arbre olympien printemps se dresse Dans les vents tièdes et parfumés, Et plante la foule d'âmes en détresse D'un grand drapeau immaculé. Ô masse accablée de la plèbe Courbée devant les orateurs, Veule futaie tarie de sève Pliant au souffle des menteurs, Mains molles cousues par les frotte-manches, Cervelles sucées jusqu'à la moelle, Ankylosés de la conscience, Têtes modelées coiffées au poil ! Bourgeonnez ! bourgeonnez encore ! Et que l'haleine du jour qui naît Vous réveille chacun dans l'effort Vivace forgeant la liberté !