J’écris sur un cahier aux lignes policées Qui m’empêche de dire le fond de mes pensées, Où les mots adoucis sortent de mon crayon Voilés par la pudeur et l’accommodation.
Mes mots édulcorés retiennent leurs sanglots A grands coups d’euphémismes criés à demi-mots, Et mes idées se cachent derrière des ambages, Privant mes émotions, de leurs plus beaux bagages.
De peur de ce qu’on dit, j’ai le pied sur le frein Donnant à mes écrits un unique refrain Que je passe sans cesse dans mon grand filtre-presse.
Et mes vers bien trop vides, en de jolies vanesses Disparaissent au matin ne laissant derrière eux Qu’empreintes d’attrition et sceau de désaveux