Du jour où les poètes, en ce monde charnel Ont cessé de montrer les fredaines du temps Pour afficher au jour leur banal internel, La poésie à fuit la magie de l’instant.
Les images des mots ont perdu leurs couleurs, Même leurs à propos, aux larmes des violons Etouffent leurs sanglots sous les cris des yodleurs, A parler que de soie, pour des bouts de nylon.
Un breuvage fétide au bouquet insipide Immole nos envies de porter à nos lèvres Ces abysses de vers désespérément vides, Tant leurs rythmes et leurs sons nous assomment de mièvre.
Thrène sans queue ni tête, en rendu de divan, Jetant le discrédit sur tout ce qu’on écrit, Chassant la poésie des murmures du vent, N’en faisant plus qu’un art de plaintes et de cris.
Nous tuons les poètes à coups d’amphigouris, Prenant nos petits lais, pour le beurre et la crème, A rassasier la faim de toutes les houris, Alors que nos sonnets sentent le crottin blême.