Je vivais sans espoir, sans but et sans folie, N’ayant plus dans mes yeux que la mélancolie ; Je croyais que le soir, des grains du sablier, Me demandait déjà de voir mon tablier.
Elle m’est apparue, là au coin de la rue Avec ses ailes noires et son air incongru ; On sentait bien en elle un brin de cet enfer Qui du fond de la terre a tout pour bien méfaire.
Elle voulait mon âme et ce qui va avec, Mes joies et mes soupirs, mes gains et mes échecs Me promettant plaisirs désirs et volupté Contre un tour de géhenne à la perpétuité.
Je n’ai pas résisté, elle était si jolie, J’ai écouté ses mots, cru en ses homélies Et j’ai pour l’infini signé un concordat Pour devenir du vif, un de ses candidats.
Je vis depuis ce jour au rythme de la nuit Ne sachant plus du tout ce que c’est que l’ennui Ne connaissant qu’ivresse, avidité , délices Appréciant de mes jours ce que sont tous les vices.
Je connais l’euphorie de la lubricité, J’ai même du mauvais appris à m’inciter, Je fais à cent à l’heure un demain de malheur, N’ayant de ce futur même plus de la peur.
Je réchauffe mes os aux brasiers de Satan, Mes sens n’ont plus le sens de la notion du temps Et je tente à mon tour tous les anges du ciel A grands coups de serments plein de superficiel.
Au sein de ce vortex, sans limite et sans fond, Je n’ai pour la vertu pas de regret profond Et je vis ce présent comme un cadeau des dieux, Voyant la tentation avec bien d’autres yeux ;