Je suis comme un soldat après l’adieu aux armes, Qui se retrouve nu, privé de son bonheur, A n’être plus que dalle au grand marché des larmes, Pour voir couler le temps au manège des heures.
Je n’envie surtout pas ces inconscients barbons, Qui rêvent de repli, dans la force de l’âge, Voyant dans le journal et la télévision, Les ultimes wagons de leurs derniers voyages.
Je n’ai aucune hâte à ne plus me lever Aux prémices du jour, à attendre demain, Tout en dupliquant hier, laissant inachevées De belles symphonies au long de mon chemin.
Je ne veux pas pousser la porte du grenier, Car je sais bien qu’après, n’est plus là que le ciel Et ce n’est pas à moi, d’ouvrir le semainier, Dans lequel est écrit mon délai actanciel.
Alors vous qui voyez, dans les lois et les droits, L’extase d’être vieux, êtes-vous bien certains Que de cette médaille, on en voit bien l’endroit ? Tant pour chacun de nous s’apprécient les matins…