I L’acteur meurt chaque soir devant son public Ouvre son cœur à qui lui tend la réplique. L’acteur dupe l’auditoire, jamais son cœur. Il ment, triche et trahit pour notre bonheur… Plus encore : il tue vagabond, prince et roi. Tantôt superbe, tantôt au désarroi… Mais il est lui, il est l’homme avant tout ! L’acteur adopte le personnage pour nous, Pour chaque lever de rideaux, par amour. Public, acclame des deux mains sa bravoure !
II Le mot acteur rime avec le mot cœur ; Le comédien le déploie à toute heure, A tout instant, il est sa belle arme ! C’est son trésor, le gardien de ses larmes. Sans cœur, c’est un miroir sans reflet, Sans cœur, l’acteur ne mérite le respect. Une vulgaire carcasse sans feu, sans flamme ! Double imposture pour cette âme que l’on damne. Magie et émotion ne s’improvisent, La passion nécessite tant de maîtrise. III Sur scène l’acteur rayonne, impose sa loi, En maître absolu, il égale les rois. Il est tout ! Soleil, homme et comédien. Soleil car il le décroche de ses mains, Qu’il soit prince ou roi, l’Homme nous le fait croire, Et enfin, comédien c’est son pouvoir ! Tantôt doux agneau, tantôt loup indomptable… Le contraste étonnant d’une âme ineffable. Avide de sensation et de pureté, La jouissance d’un art jamais comblé.
