J’ai perdu la clef de mes songes Mes rêves des quatre jeudis Je n’ai plus de bois de rallonge Et plus du tout de pain béni Je viens de déposer au clou Mes gris-gris et mes amulettes Un vieux miroir aux alouettes Et la rose de mes vents fous
J’habite en grande solitude C’est une question d’habitude Mais je garde le cœur content
Un arc en ciel de fin d’orage A mis le feu aux sapins bleus Et à la grange du village Le vent rafale encore un peu Je peins cet arc en ciel en grand Alors je suis aquarelliste Et je me prends pour un artiste Je me trompe probablement
J’habite en grande solitude C’est une question d’habitude Mais je garde le cœur content
J’ai dans la poche un do majeur Le nombre d’or et ton sourire Et le mot que je vais t’écrire Je le connais presque par cœur Sur la septième vague un jour Je m’en irai faire un détour Pour rencontrer ou l’un ou l’autre Pour rencontrer ou l’un ou l’autre
J’habite en grande solitude C’est une question d’habitude Mais je garde le cœur content
D’aucuns disent que je suis fou Mais je ne les crois pas du tout Les fous ils entendent des voix C’est pas mon cas c’est pas mon cas J’en ai vu des fous à lier Sanglés dans une camisole Ils avaient perdu la boussole Je les entends encore hurler
J’habite en grande solitude C’est une question d’habitude Mais je garde le cœur content
J’ai sculpté dans le bois d’ébène Le sourire d’une sirène Allongée sur le sable blanc Elle venait d’avoir vingt ans Je me souviens d’une nuit blanche Et de ses yeux couleur pervenche C’était entre roses et lilas Il y a longtemps de cela
J’habite en grande solitude C’est une question d’habitude Mais je garde le cœur content