On l’appelait jadis l’île de Belle Tolérance Depuis le grand carnage elle n’est plus maintenant Qu’un caillou désertique sur la rose des vents Plus une âme qui vive seuls des oiseaux de mer Quelques tortues géantes et quelques vieux cerbères Ici les hommes étaient blancs noirs ou cafés crème Ils palabraient joyeux pendant des heures durant Mais les blancs ont voulu la peau des cafés crème Alors les noirs ont pris parti contre les blancs
On crie sauve qui peut sur Belle Tolérance Très vite on met le cap sur la Bonne Espérance Un vent de force neuf joue les enfants d’salauds Roulant ses déferlantes au p’tit bonheur la chance On prie Dieu que le temps se remette vite au beau Personne ne peut nous dire ce qu’ils sont devenus Ceux qui ont mis les voiles pour éviter le pire Ils sont pêcheurs de lune ou voleurs à la tire Poètes de talent ou simples m’as-tu vu
Sur ce caillou qui fut l’île de Belle Tolérance Un oiseau lyre imite la sirène d’un bateau Et quelques coups de feu et quelques pleurs de femme Ici il n’y a plus il n’y a plus une âme Ceux là qui avaient pris le tout dernier bateau Ceux là ont jeté l’ancre à la pointe du vent Sur cette île aux oiseaux où des pensées fleurissent Ces pensées sont des fleurs que le hasard métisse Quelque part librement sur la rose des vents
Ces pensées sont des fleurs que le hasard métisse Quelque part librement sur la rose des vents