Moi je suis né Amérasien Pendant la guerre du Vietnam Amérasien un moins que rien J’étais malmené rabroué Et parfois même torturé J’expiais l’erreur de ma mère Sa faute avait été de plaire A un GI de l’oncle Sam
Je n’ai jamais connu ma mère Je n’ai jamais connu mon père Alors je les imaginais Mais je savais mais je savais Que j’étais un fruit du hasard Le fils d’une fleur de mousson Et d’un GI de Saïgon Je vivais très très à l’écart
C’est dans cette vieille Indochine Qu’un jour un jour j’ai pris racine Amérasien aux yeux bridés J’en aurais tant à raconter Seul j’élevais des vers à soie Je me perdais dans les rizières Où les tombes étaient mes repaires Enfant je me croyais chez moi
Sous les sévices j’ai grandi J’ai eu la chance de m’évader J’ai rejoint les États-Unis Mais combien d’autres sont restés J’ai souvent changé de métier Quand je dis métier j’exagère Gardien de nuit homme à tout faire Amérasien j’en ai bavé
Mes ancêtres je viens bruler De l’encens devant cet autel C’est pour dire je me rappelle Qu’un jour j’étais à vos cotés