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Gaston LIGNY

Quatre saisons en Cévennes

Quand les châtaignes tombent au pays camisard
Les clochers de tourmente pleurent au vent des Cévennes.
L’automne est en avance et le ciel se déchaine
Et ça tourne au déluge près de Saint Jean du Gard.
Ici c’est l’éclaircie. Je viens de voir planer
L’âme d’un parpaillot qui est mort aux galères.
Elle plane comme l’épervier qui cherche ses repaires
Croyez-vous que des âmes reviennent sur leur passé ?

Quand le givre dessine aux vitres des bistrots
Des trois mâts qui se penchent et des rires d’enfants,
Quelque part en Cévennes la rue des Blancs manteaux
Est déserte et la lune peint ses toits vif-argent.
L’hiver est long parfois l’hiver est long parfois
Et s’il manque à la fin un joueur de manille
C’est que le temps s’acharne à gagner la partie
Adieu Pierre le normand qui buvait du calva.

C’est le printemps genêt c’est le printemps jonquille
Le printemps giroflée le printemps girofla.
On reparle de Pierre le joueur de manille
Que le temps passe vite ça fait deux ans déjà.
Elle et lui ne font qu’un c’est le vent qui les mène
Les mène dans ce Routard pour le menu du jour.
La cantine sent bon elle sent la marjolaine
Elle sent le pélardon et le bonheur du jour.

Quelque part en Cévennes cette ânesse a bon dos
Pour les coups de sabot elle n’est pas la dernière
Elle trimbale le barda d’une famille entière.
Qui descend dans le Sud pour sa première rando.
Votre ânesse j’entends s’appelle Modestine
C’est un prénom connu elle marche d’un bon pas.
L’été qui se promène de colline en colline
Vient de prendre le frais au pied d’un acacia