Quand les châtaignes tombent au pays camisard Les clochers de tourmente pleurent au vent des Cévennes. L’automne est en avance et le ciel se déchaine Et ça tourne au déluge près de Saint Jean du Gard. Ici c’est l’éclaircie. Je viens de voir planer L’âme d’un parpaillot qui est mort aux galères. Elle plane comme l’épervier qui cherche ses repaires Croyez-vous que des âmes reviennent sur leur passé ?
Quand le givre dessine aux vitres des bistrots Des trois mâts qui se penchent et des rires d’enfants, Quelque part en Cévennes la rue des Blancs manteaux Est déserte et la lune peint ses toits vif-argent. L’hiver est long parfois l’hiver est long parfois Et s’il manque à la fin un joueur de manille C’est que le temps s’acharne à gagner la partie Adieu Pierre le normand qui buvait du calva.
C’est le printemps genêt c’est le printemps jonquille Le printemps giroflée le printemps girofla. On reparle de Pierre le joueur de manille Que le temps passe vite ça fait deux ans déjà. Elle et lui ne font qu’un c’est le vent qui les mène Les mène dans ce Routard pour le menu du jour. La cantine sent bon elle sent la marjolaine Elle sent le pélardon et le bonheur du jour.
Quelque part en Cévennes cette ânesse a bon dos Pour les coups de sabot elle n’est pas la dernière Elle trimbale le barda d’une famille entière. Qui descend dans le Sud pour sa première rando. Votre ânesse j’entends s’appelle Modestine C’est un prénom connu elle marche d’un bon pas. L’été qui se promène de colline en colline Vient de prendre le frais au pied d’un acacia