Elle avait semelle de vent, Il portait un nom de fontaine, Belle Alyzée allait souvent Mirer son front de souveraine. Tant que coulera la fontaine, Disait Jouvence, on s'aimera; L'eau de jeunesse est en ma veine, Ma reine toujours tu seras...
Mais volage est le coeur d'enfant, Printemps à goût de prétentaine. S'en sont allés au gré du vent Vers d'autres amours, d'autres haines Et d'autres rires, d'autres peines... Combien de serments il jura à Jacqueline, à Madeleine, L'odalisque ou la sénora...
Alyzée aux chausses de vent A couru par montagne et plaine, Folle riant, pleurant souvent... Jamais n'oublia la fontaine. Quand Jouvence le coeur en peine Du diable se libéra, Son Alyzée, enfin sereine, Dans un couvent se retira.
Envoi: Vierge Marie, O! tendre Reine, Tu sais que l'on ne pouvait pas Enchaîner l'eau de la fontaine au vent qui souffle sur tes pas.