Le ciel s'est obscurci, translucide et serein. Dansent les martinets, fins porteurs du message, L'aile peignant le ciel en un prompt ratissage... Oh ! Vienne la fraîcheur ! Que tombe le serin !
Soudain, leur cri perçant vient déchirer la page Où s'inscrit leur vol noir, parabole sans frein, Qui plonge vers les toits et d'un seul coup de rein S'enfonce vers l'azur, tel un harpon sauvage,
Insolent, meurtrier et de joie éperdu, Déchire un cumulus et son ventre de laine... Il semble que la ville, enfin, reprend haleine, Lasse du poids d'un jour d'été de plomb fondu.
Sans que cesse jamais la paisible rumeur De l'eau qui vient lécher les galets de la grève, Le bec du martinet les frôle et puis s'enlève. Danse, entre chien et loup, un prélude charmeur.
A l'épaule du mont, le soleil embusqué Ensanglante l'ouest et les traits des nuages, Immobiles, flambant, signent la fin des ages D'un paraphe d'or pur, scellant l'inexpliqué.