C’était, dans ma maison, un grenier biscornu. Mes pas d’enfant marquaient à peine la poussière, Poutre mal équarrie et charpente grossière : Pays de rêve ouvrant tout un monde inconnu.
Des ferrures cerclaient le dos de grosses malles Où dormaient des jupons, des robes de satin, Et je les caressais de mon doigt clandestin, Oubliant le latin, l’anglais, les décimales…
Des cartons à chapeaux quelque peu cabossés Contenaient des bibis, de tendres capelines, Et je m’imaginais les aïeules câlines Aux bals de l’Opéra, sans doute compassés
Tout mes jouets d’enfant et ma maison aimée, Les malles aux trésors et le vieux mannequin, Mes livres préférés vêtus de maroquin, Mon grenier biscornu : tout partit en fumée.