J'avais un cheval fou, j'avais un cheval sage... De l'un j'aimais la fougue et la vitalité, De l'autre, la douceur et la sérénité, Comme d'autres moi-même une fidèle image.
Le cheval fou courait tout le long de la plage, La vigne et l'olivier fuyant à ses côtés; L'écume à son poitrail moussait, il rejetait Ses longs crins dans le vent, comme un rire de page...
Moi je tremblais pour lui... Toujours il revenait. Le cheval sage allait le long des chemins rouges; Un doux rêve vivait dans son oeil étonné...
Un jour, il a suivi ce songe reconnu De son long pas si sûr, vers les lointains qui bougent. Je l'attendis longtemps: il n'est pas revenu.
extrait de "Passe-Muscade" (Grand Prix des Troubadours)