Heureux en solitude, lors des nuits sans sommeil, Devant la page blanche où rien n'est dit encore, Dans la main, le crayon, tous les sens en éveil, Guettant par la fenêtre ouverte , un météore, le poète.
Il a quitté soudain son corps sans pesanteur, Il flotte, insoucieux, dans un ciel de légende, Lucide absolument, il est l'astre veilleur, La terre est minuscule et son oeil l'appréhende, prophète.
Au silence indigo naissant, l'astre vermeil! O muse! un peu de temps! O muse, je t'implore! Ne laisse pas à l'est s'élever le soleil! Permet d'apprivoiser et la rime sonore et l'épithète!
Hélas! le jour est là, c'est le fleuve pareil D'un quotidien hargneux, fidèle et carnivore, Qui vous prend de la tête au fin bout de l'orteil; Et la lucidité stellaire s'évapore... Pauvre poète!