Quel que soit le destin qui réponde à mes vers, Je ne peux résister à ma muse féconde En voulant museler sa sincère faconde. La vérité pourtant offense l'univers.
Il est vain de chercher à passer à travers. Pour que l'émotion à la forme réponde, Que la plume à ses bleus de l'âme se confonde, Puisque trop de contrainte engendre son revers,
Il faut payer comptant, et sans grivèlerie. Tant pis si, du banquet, la viande s'avarie, On doit porter sa croix; on la veut, on la fuit.
Car le poète arrache au coeur la chair sanglante, Pour donner au passé qui l'enchante ou le hante, La forme ciselée au long cours de ses nuits.