J'ai perdu, dés longtemps, hélas! le sommeil lourd. Mais, parfois, en la nuit bénie, C'est la beauté parfaite à patte de velours qui vient hanter mon insomnie.
C'était par un matin de pluie, un ciel blafard Sur la dune étendait ses teintes d'aquarelle Et l'étrange lueur qui brimait le regard Posait, sur le désert, un voile de cannelle.
Car chaque goutte avait couleur de sable fin. C'était tout près d'El-Oued qu'aimait tant Isabelle, Où les dos de la dune ont grâces de dauphin, Un jour là, l'autre ailleurs, trompeuse sentinelle.
Enfoncés aux genoux, nous grimpons en riant, Découvrons sous le sable où l'onde la révèle La merveille fragile au doux reflet brillant, Fruit du sable et du vent qu'un hasard amoncelle.
Le soleil revenu déchire le brocard Du rideau qui voilait les grisâtres coupelles. Sur la route encombrée, inpavide, un vieillard Chemine lentement au pas de ses chamelles.
J'ai perdu, dés longtemps, hélas! le sommeil lourd. Mais parfois, en la nuit bénie, C'est la beauté d'un vers à patte de velours qui vient bercer mon insomnie.