Lorsque fume la tasse embaumant le moka, Souvent il me souvient des soirs de mon enfance, De ces soirs algériens tissés de transparence, Paisibles comme en dut connaître Rébécca... Seul rougeoyait le bout-tison des cigarettes, L'ombre marine avait gommé nos silhouettes Dans le triangle noir du grand casuarina.
On ne sait d'où montait un air d'harmonica. En écho s'élevait dans le soyeux silence La mélopée ardente et rythmée en cadence Des deux mains de Lakdar frappant la derbouka... La route grise luit où Khadidja s'élance, Retrouvant dans la transe où la plonge la danse La grâce de Judith et de Nausicaa.
Lorsque fume la tasse embaumant le moka, Souvent il me souvient des nuits de mon enfance, De ces soirs algériens tissés de transparence, Paisibles, comme en dut connaître Rébécca... Et le jasmin mêlait sa senteur melliflue Au sensuel galant de nuit... Ronde, joufflue, Jaillit la lune orange, et tout s'illumina...