Tout homme a dans le cœur une humeur vagabonde, Mais chaque jour qui passe étreint comme un manteau De brume ces désirs de départ, de bateau : Espérance d’ailleurs, rêvée et moribonde.
Croit-on qu’un nouveau ciel à son âme réponde ? Croit-on changer sa vie en changeant de coteaux ? Modifier le cirque en d’autres chapiteaux ? Trouver du goût à l’œuf qu’une autre poule ponde ?
Tel qui croit se quitter ne se trouvera pas A l’ombre d’un banian ou bien d’un catalpa Et pas plus dans les fjords qu’aux rives du Bosphore.
Oh ! Voyage lointain, chimère au goût d’ailleurs, Pour que tu ne sois pas du rêve fossoyeur, Au front de qui s’en va, mets trois grains d’ellébore !