N'as-tu jamais, un soir d'été, Levé les yeux vers le Couchant ? Et, fasciné par la beauté Du disque d'or s'endimanchant, Pour que ses mauves soient réussis,
N'as-tu pas eu, à ce moment, L'envie soudaine de dire merci A ce quelqu'un, ce quelque chose Dont tu sentais, confusément Qu'il en était, bien sûr, la cause ?
N'as-tu jamais, un soir d'hiver, Quand le brouillard qui s'épaissit Cache à tes yeux le mur de pierres, Et qu'aveuglé, tu réussis A t'arrêter, qui sait comment ?
N'as-tu pas eu, à cet instant L'envie de dire, encore tremblant, A Saint Quelqu'un, à Saint Christophe, Merci d'avoir été présent En t'évitant la catastrophe ?
N'as-tu jamais, au bord d'un champ Cueilli le trèfle à quatre feuilles ? Croisé les doigts en entendant Quelqu'un parler du dernier deuil ? Touché du bois ? Toi, mécréant,
Puisque ton coeur a tant besoin De s'accrocher à quelque chose, Que tu l'appelles Destin, Hasard, Sentant que Dieu en est la cause Comment peux-tu montrer le poing
A celle qui tremble et puis qui ose A l'école, porter le foulard ?