Inventons un poème, sans idée auncune Le cul sur les toilettes, le PC posé sur une chaise. Ainsi, commençons, amis de la rime Dans cette drôle de position Quelques vers et quelques signes. Bien sûr, qu'est donc le poème, Tortureuse vigne se mêlant aux arbres, Aux écorces, aux troncs et à la cime, Qu'est-il donc pour finir? Est-ce simplement un amas de mots Ou alors plutôt Un tas de pierres, de boue et d'eau? Est-il ciment ou citerne? Est-il liant, est-il si terne? Si terne qu'il ne puisse Trouver en lui-même Une signification pleine? Car c'est les feuilles qui bruissent, C'est le fleuve qui roule, C'est le vent qui gonfle, C'est l'amour qui saoûle, C'est le chat qui ronfle, C'est le poète qui pleure, Sans véritablement pleurer. C'est le temps qui meurt, Alors qu'il ne peut bouger. Le rimeur et son rimage Dévoilent de jolies images A des yeux crédules, A des gros yeux de crapaud Gobant à tour de bras Les mignonnes luciolles, La moiteur de ses draps Et le poison dans la fiole. Gobant comme gobent les affamés, Bouffant comme bouffent ceux qui n'ont rien d'autre à faire Oubliant jusqu'à leur dignité, Evitant de passer sur le rails de fer. Un poème qu'est-ce donc? Un cadeau de mère nature? Un quelconque don? Une sainteté pure? C'est du temps et rien d'autre. C'est la volonté des autres. C'est l'amour des notres? C'est la revendication d'être ainsi, Assis sur un trône, Pouvant écrire ce qu'on veut Ou plutôt n'importe quoi Pourvu que comprennent ceux Qui ne nous lisent pas.