Papa n'a pas suivi de très longues études, Il a travaillé tôt comme beaucoup de ses congénères. Cela ne lui a en rien réduit ses aptitudes A être très un bon époux, un très bon agriculteur et un très Bon père.
Levé aux aurores il passait ses journées aux champs A piocher, à bêcher, à labourer, à retourner la terre Jusqu'à des heures indues, jusqu'à l'épuisement, A se briser l'échine pour un salaire de misère.
Il fut mon modèle, mon exemple, ma référence. Jamais une plainte, jamais le moindre agacement C'était sa vie, son univers, sa cohérence, La conséquence d'un divin ordonnancement.
Au seuil de la cinquantaine le sol s'est dérobé sous ses Pieds En une journée il lui a fallu tout abandonner Et rejoindre la mère patrie comme si il avait une faute à Expier, Comme si il était responsable de ces sept ans d'atrocités.
Refaire sa vie à cet âge n'est pas une sinécure. Il lui en aura fallu du courage, de la pugnacité Pour retrouver un rayon de soleil dans cet univers obscure, Dans ce dédale, ce labyrinthe, cette opacité.
Là encore il a prouvé sa force à faire face à l'adversité. Des entrailles de la terre il a su se relever Et retrouver une place honorable dans la société Un rang, un statut, une identité.
Des personnages de cette trempe ne sont pas légion. Je voudrais donc vous dire avec humilité Ma fierté d'avoir eu ce père pétri d'abnégation, De gentillesse, de bienveillance et de probité.
La vie ne fut pas facile pour lui-même et pour les siens Mais il aura toujours gardé la tête haute, le regard sur L'horizon. Il fut un grand homme, un homme de bien, Un homme intègre, un homme de cœur et de raison.