Sept heures, il est temps de se lever, Une bassine d'eau à faire chauffer Pour enfin se laver les pieds. Depuis un mois dans cet enfer A chasser moustiques, serpents et épeires, Je n'ai pu prendre soin de mon corps Qui commence à sentir le roquefort. Délice liquide sur mes orteils Quelques instants après le réveil, C'est divin, c'est sans pareil. L'eau chaude apaise mes douleurs Elle me fait aussi chaud au cœur. Pas pressé de remettre mes souliers Depuis hier encore tous mouillés. Coups de machette des éclaireurs Du matin au soir dans cette torpeur. Mais pourquoi suis-je donc ici ? Nous aurions pu au moins attendre une éclaircie. Il y a pourtant bien des ailleurs Où la nature doit se montrer meilleur ! Ah si j'avais su plus tôt, Aucun risque que j'y laisse ma peau, Bien au chaud dans mon bureau, J'aurais tiré les rideaux, café, cognac cigarillo, Aurais pu à loisir imaginer cette foutue rando. Les pieds au sec, la couenne bien à l'abri. Après un copieux dîner me serais endormi Dans mon grand lit drapé de lin blanc, Auprès de ma belle Julie, insouciant Plutôt que courir la planète pour tenter d'étudier Les phacochères et les chimpanzés Hôtes naturels de cet enfer feuillu. Juré on ne m'y reprendra plus De me jeter délibérément dans ces pérégrinations farfelues.