Ils ont vidé leur verre, le dernier de l'été Avec, dans le regard, le regret inavoué D'avoir encore perdu un moment de bonheur Qui demain reviendra, à moins que sonne l'heure.
Les amis sont partis, buveurs du lendemain Qui souriront encore quand ils tendront leurs mains Vers la bouteille offerte par le nouveau venu Qui maintenant n'est plus l'étranger, l'inconnu.
Ils ont rempli leur verre, le premier aujourd'hui, Qu'ils boiront à l'ami, celui qui les a fui Pour une triste femme, amoureuse du jaune Qui un jour est partie chercher une autre faune.
Les matins n'ont plus d'heures pour qui sait les noyer, Et oublier le temps qu'il ne sait employer. Le futur est si proche, le besoin si pressant Que l'avenir jamais ne sera oppressant.
Approche le moment du retour d'amitié, Des discours inutiles chasseurs d'inimitié. Les yeux déjà se voilent, les mots deviennent lourds Il est pourtant trop tôt pour penser au retour.
Chaque jour qui passe est celui de l'attente, De l'ami qui boira, de la compagne absente, Du soir qui s'embellit de convivialité De la fuite affichée de la réalité.