"Il pleut sur mon cœur comme il pleut sur la ville" Oh combien j'aurais aimé cette phrase Simple et si forte d'émotion ! La pluie comme symbole de mon tourment, Quelle image peut mieux dire Mon envie de m'abriter, De trouver le refuge Qui apaisera ma douleur ? Mais où aller dans une ville Sous la pluie, vide comme moi de son âme, De ses passants pressés, Déjà rentrés sous un toit. Seul, sous la pluie, je regarde les pavés Qui brillent dans une beauté Qui n'émeut que moi, Fragile être dénudé Par une souffrance sans réponse. Mais où sont les rencontres Qui donnent un peu d'épaisseur à la vie, Où sont les amis dont le regard Nous fait encore croire que l'on existe un peu ? La réalité se dissout sous la pluie, Comme le regard dans les larmes, Irréelle sensation qui m'envahit Du doute de vivre encore. Faut-il endurer ces conflits intimes Pour découvrir que la pluie nous Enferme un peu plus dans le cercle fatal De notre désespérance ? La rue vide, Le lent goutte à goutte sur le trottoir, Le temps qui s'étire dans le néant De l'écoulement sans fin de ma vie sans objet. Et la nuit tombe pour éteindre ce sinistre reflet, La nuit sans sommeil, Comme le jour qui n'a pas brillé, Pour me ramener toujours Vers cette angoisse que rien ne peut apaiser. Jour sans vie, nuit sans repos, Combien me feras-tu encore souffrir, La pluie !