Que n'ai-je un cancer Qui de mon enfer me libère: Souffrance du corps qui gémit Pour calmer la souffrance de l'esprit. Devenir l'être fragile en suspension Objet de soins et d'attentions Dans un combat avec la mort Dont on connait déjà le triste sort. Trépasser dans le hurlement des sirènes Mes chairs calcinées devenues obscènes Après l'explosion qui tue sans compter, Et mourir là, dans une douleur instantanée. Que n'ai-je vécu l'heure Du petit matin de terreur Ou la peur de la torture Vous fait choisir le cyanure. Disparaitre enfin, sans raison Dans un génocide qui m'a choisi Pour ma race ou ma religion Et retourner, seul, dans le vide infini. Brulez mon corps pour éteindre ma souffrance Dispersez au vent mes cendres, Qu'enfin cesse ma désespérance Et que tout soit achevé sans plus attendre. La Mort, je te crains, je t'attends, Ton angoisse me rend délirant, Mais à quoi sert de vivre tremblant, Avant le saut dans l'effroi du néant.