Parangon des vertus aux dîners charitables, Entre caviar par louches et champagne à foison, Chéquier compatissant, boutonnière respectable, Il vous livre sur l'Afrique ses longues péroraisons.
Voyez dans ces villages où tout est délabré, Ces pauvres enfants morveux que le soleil écrase, Ces femmes accroupies, ces vieilles décharnées, Qui chassent les insectes bourdonnant près des cases.
Dans de larges burnous les hommes se prélassent À l'ombre vacillante d'un mur de terre rouge. Regards indiffèrent sur les amas de crasse Que d'un museau puant, les chiens efflanqués bougent.
Dans ces pays douteux où règne l'ignorance, L'effort par le travail n'est pas de tradition; C'est nous affirme t-il avec condescendance Qui controns cette misère par nos contributions.
Que feraient-ils sans nous ces êtres faméliques, Sans notre appuyée, sans notre compassion ? Leurs gouvernants cupides pillent les fonds publics, Cocktail de fainéantise, de clans, de corruption.
En déposant son verre notre prolixe orateur, Avise le haut des gants qui soutiennent le plateau. Il consent un regard au reste du serviteur, Et, lâche intempestif, tient encore... un nègro !