Les matins gris font allégeance aux longs peupliers transis, gardiens des rives de l'enfance et des brumes assoupies.
Un éclair bleu : le geai cajole. Naissent des cris en la vallée. Jeudi a déserté l'école, tous les enfants s'en sont allés.
A belles dents, croquez la chance, garçons accourus du village ! Au labyrinthe des fossés où vous froissez l'herbe sauvage ne sont jamais venues les filles dont les robes vives dansent… Dans le talus, sous la ramille, enfants, pourquoi rester cachés ?
Dans vos poches, le ciel est bleu, trésor que rien ne peut ternir. Cressonnière des jours heureux sur le gravier des souvenirs.
L'osier se cabre sous les saules, le feu bondit hors du ruisseau. De l'aubépine au noisetier, il galope, il étincèle. Il tourbillonne et s'amoncèle de la ronce aux fleurs de pommier. Le sang bouillonne en vos vaisseaux et le printemps sur vos épaules,