L'incroyable douceur des brumes matinales Habille les prairies du voile des vestales ; Une aquarelle rose estompe le bocage Et le ciel, tendrement, nous baise le visage.
La lumière descend, telle un oiseau fragile, Dans la cour de l'école où le tilleul jubile. Une averse, soudain, tressaille sur le toit. On tamise du ciel en écartant les doigts.
Lorsque midi s'élève à l'aplomb des talus, La treille alourdie de raisins blonds et charnus Frémit et s'abandonne aux guêpes enivrées. Le ciel devient bruissant comme un papier froissé.
Les galets assoupis ronronnent sur la grève. La vague, désertée, poursuit un très vieux rêve Contre le ventre bleu d'une barque placide. Du ciel, on garde en bouche une saveur acide.
Les chemins et les champs prennent couleur de schiste Quand rentrent les tracteurs, ces gros scarabées tristes, Jetant dans les sillons la lueur des étoiles. La chair nacrée du ciel, un instant, se dévoile.
Lorsque les feux de bois encensent le village, Que se répand la nuit qui hantait les parages, Les chats viennent dormir tout près des cheminées. Le ciel se fait murmure au cœur des maisonnées.
