A l'heure où cessera le frôlement des rêves sur les galets de nuit quand les étoiles diront à demi-mots la naissance du jour j'irai m'assoir avec les morts.
Je laisserai en moi s'ouvrir le ciel nappe déployée où je disposerai les fleurs et les fruits du sommeil les nourritures des fêtes de famille et du vin frais et soyeux.
Ils viendront les pères de nos pères les femmes de douleur les mères généreuses et tous nos frères tôt disparus.
Ils appelleront près d'eux les âmes errantes qui planent dans le vent celles qui n'ont nulle attache avec le peuple des vivants.
De poussière et de brume ils prennent consistance Ils s'avancent dans la clarté du matin sans force dans les doigts et la gorge sans voix mais le regard intense Epaule contre épaule ils viennent en silence.
Ils s'assemblent et s'attardent prennent corps se regardent Je perçois un flot puissant une onde de tendresse et de joie un chant profond qui vibre en moi bien avant que je puisse l'entendre.
Différents à jamais ils vivent autour de moi puis vêtus de lumière disparaissent dans le soleil.