Mettez-moi, Je vous prie, Entre parenthèses, Sans émoi, Sans un bruit, Sans que rien ne pèse. Quelques jours, Une nuit, Que la vie se taise, Que je sois A l'abri, Entre parenthèses.
L'impudence Des marchands S'immisce et taraude. Elle offense Chaque instant, Indigne ribaude. L'arrogance Des puissants Criaille et clabaude. La violence Se répand, Cruelle maraude.
Déserteur Des abîmes De l'indifférence, Voyageur Anonyme, L'âme en déshérence, Hors la loi, Presque fou, La ville m'oppresse. Cachez moi Près de vous, Sans nom, sans adresse.
Je ne suis Rien de plus Qu'une morte feuille, Corps roui, Presque nu, Que vos yeux accueillent. Bienveillance D'un regard Pour qui n'a plus d'ombre, Rémittence Du trimard Et des heures sombres.
Reportez A demain Les vaines paroles. Recueillez En vos mains Ce duvet qui vole : Pauvre chose Egarée Que le vent disperse, Qu'il expose, Effarée, Au dard des averses.
Mettez moi, S'il vous plait, Entre parenthèses. Que vos doigts Sur mes plaies Viennent et apaisent La douleur D'exister. Gardez l'anamnèse De mon cœur Consignée Entre parenthèses.