Un jour, peut-être, je deviendrai cueilleur de pluie. Mon corps sera fragile et tendre comme un soleil de décembre, Mes mains diaphanes aussi douces que l'aube.
J'habiterai dans une grotte aux confins de vastes plaines Et le chemin pour y conduire Sera bordé de ces ombelles étranges qu'on trouve encore parfois sur d'antiques talus. Suspendu à la branche d'un orme, Je guetterai les nuages, là-bas, vers l'ouest.
Une fillette, au pied de l'arbre, jouera comme une plainte sur une flûte de roseau. Ses longs cheveux, peignés de vent, cacheront son visage au regard des passants : Un homme, quelquefois, tirant une charrette de meubles entassés, Une femme ou deux, chargées de linge, Un chien, souvent, peureux et efflanqué…
Le temps sera doux ; il n'y aura plus de saisons. La nuit, le jour auront même parfum.
Imperceptiblement, par delà les siècles, je deviendrai, peut-être, mâcheur d'étoiles.