Il est là, sans mot dire, debout, Raide comme un piquet, Qui aurait été enfoncé En son sol par un paysan Acharné à clôturer sa terre.
Les yeux exorbités, Visage livide, Décomposé, Bouche ouverte Comme un hurlement muet. Il contemple impuissant Le paysage où nul souffle De vie n’apparaît Dans les ruines innombrables. Seuls, les cadavres Semblent vouloir ressusciter Par leurs miasmes répugnants Qui lui donnent la nausée.
Il lave ses yeux De cette pluie naturelle, Que son âme avait Dans un recoin de son Etre gardé en secret, Afin de prier l’éternel, C'est pour lui qu’il s’était battu, Que la bataille fut un massacre Où étaient tombés Tant d’hommes, Tant de héros ! ... Là dans un coin de pierre, Cassé, effondré, Une fleur jaillit, Comme pour lui dire “ La vie continue”. Doucement il la prit Dans ce petit matin noyé De brume où la chaleur Des corps morts S’élevait vers leurs dieux. Survivant d’un monde ancien, Il cherche depuis deux mille ans Le tombeau où repose la paix.