L’année quatre vingt quinze S’est écoulée Comme une monstruosité. Ah ! Pauvre pêcheur que nous sommes Et nous restons avec nos pleurs, Nos prières et nos souvenirs. Quand dans la nuit Hurle la chouette, Nous disons: Je suis un mort parmi les vivants !... Quand la musique Lance ses vibrations sonores, Nous disons: Je suis ombre parmi les ombres !...
Les rues se sont tues, L’hiver voit des êtres Qui se meurent En étendant ses tentacules De givres qui glacent les os. Indifférence, intolérance, Je passe et ne vois ces corps Qui demain seront l’humus. Poussière je suis et poussière Je retournerai Dans l’incommensurable espace. Quêtant l’impossible, L’irraisonné afin de devenir Une mémoire dans la mémoire Car je ne suis rien. L’astre à tourner cent fois Sur lui même et la cohorte joyeuse Des cars touristiques envahis les rues. L’été est là qui nous rappelle Au bon souvenir des jours passés. Paris se videra à nouveau Et les cartes postales Se jauniront mais dans les cœurs Il se trouvera gravé À jamais des instants intenses. Quand la lune cent fois Se sera couchée, Le regard dans les étoiles Je verrais le silence, J’entendrais les couleurs Et ô mon âme tu sonderas l’infini Car du haut des cieux Rien n’est jamais fini.
De ma besace je tirerais L’or fin que je répandrais Sur la terre pour qu’elle apporte La paix en l’âme des Hommes.