Cheminée, ô filet qui monte vertical, Ne me suggère pas de spinalienne image, Pas plus que l'horizon qu'écartèle l'orage Ni du rang des corons l'alignement bancal.
On ne vit pas céans tel l'ide en son bocal ; Tout y est sale et noir même sans charbonnages Et les mineurs sont morts longtemps avant leur âge Pour relancer encor le combat syndical.
Beauté morte à trente ans des femmes étrangères. Tous ceux venus du sud ici perdent le nord, Les hommes en pointant, les femmes parlant fort.
Ici, camarade, la loi, c'est les mégères, Et pour leur tribunal, c’est chez Maria « Blé d'Or », La seule épicerie où crédit n'est pas mort.
2. "La Violette"
Me reviennent les regards pisseux Des marchands de fer et de charbon Et l'insulte bien claire de l'aïeul encor jeune Leur refusant de très haut le passage
Tout homme de la classe ouvrière Devrait garder à tout moment son fusil Fin prêt à cracher à mort la chevrotine Dans les panses faisandées du capital
Pendant ce temps "gare devant" vocifère Le vent d'ouest en remontant en colère La rampe du vieux terril de La Violette
Et comme bestialement happés par le vide Les visages aux ivoires furtifs des hiercheuses Vacillent un instant puis s'effacent
3. Terril
L'oreille posée sur le rail rouillé Je les entendais parler à voix rauque Les lumières de la nuit crépitaient Sous l'orage venu du septentrion
D'un geste sans cesse répété L'un des deux hommes tirait de son ventre Des poignées et des poignées d'étoupe Qu'il laissait choir aux pieds de l'autre
La molette du charbonnage tournait Le vent secouait les vitres et les ardoises Et les rompait comme du vieux pain
Bras ballants démarche élastique Les deux hommes ont traversé le terril Comme s'il n'avait jamais existé