Canicule et nuit Sur le boulevard du 4-Août Où l’eau magique qui s’échappe à gros bouillons de la pompe Attire bestioles et noctambules Puis s’en va descendant vers l’est Lente et sale aux reflets de goudron
Combien de morts cette nuit ? La troisième de suite sans étoiles Et la pluie qui ne vient pas L’insomnie l’irritation poisseuse Le cœur et le souffle qui cognent Et l’ulcère qui leur répond Ricanant comme une sirène
C’est une nuit de fête nationale Les Brabançonnes bien astiquées Reluisent au sein des comités Où l’ancien tondeur de filles légères Le résistant de la onzième heure Et le fusilleur de faux suspects Exhibent leurs rubans et médailles Plus fièrement que cochons et truies Primés aux comices agricoles